Site de l'écrivain Solange Graff-Triguel

Solange Graff-Triguel.net46.net

Retour

Extrait 3

guillemet

Les mois passèrent. Alors qu'une grande et profonde amitié avec André s'accroissait au fil des jours, Marianne sentit peu à peu que celui pour qui son cœur battait s'éloignait d'elle. En était-il au moins conscient ? Il se dévouait si énergiquement pour l'abbé Sylvestre et pour ses nombreuses activités pastorales, s'investissant avec passion dans le comité que ce dernier dirigeait, que cela inquiétait Marianne. Même s'il savait lui accorder des petits moments pour passer quelques heures agréables avec elle, malgré cette sincère amitié qu'il éprouvait à son égard, elle le sentait de plus en plus distant.

Elle l'aimait d'un amour presque passionnel et espérait que ce sentiment soit réciproque. Mais, comment en être certain, lorsque l'amour de Dieu semblait s'intercaler entre eux. Elle commença alors à s'interroger. Pourquoi donc tardait-il à lui faire connaître ses sentiments ? Pourquoi ne faisait-il pas le premier pas ? Elle décida de réagir. Pour cela, elle anticipa des actions afin de donner une occasion à André d'être plus expressif et l'amener à s'ouvrir. Hélas, sans aucun succès. Leur relation restait latente, platonique. Tandis qu'elle inspirait à autre chose, voilà que ce pas ne semblait pas être envisagé par André, qui ne fut guère démonstratif envers ses efforts, au point même de ne manifester aucun mot, ni aucun geste en ce sens.

Pour elle, il n'y avait aucun doute. Ce Dieu auquel elle ne portait que très peu d'intérêt, était en train de lui prendre son prétendant. Comment rester de marbre devant une aussi cruelle pensée ? Voici que par la venue d'un rival face auquel elle ne pouvait faire le poids, une éventuelle union devenait de moins en moins réalisable. Ce désir devra peut-être un jour ou l'autre disparaître, n'ayant pas de place dans les desseins de Dieu. Mais tant qu'André ne lui avait confirmé oralement cette intuition qui se précisait plus nettement au fil des jours, elle préférait préserver en elle un infime espoir et savourait pleinement cette relation amicale, même si son esprit avait déjà percé la vérité mais que son cœur se refusait d'accepter afin de ne pas souffrir trop tôt.

Alors que Marianne était taraudée par tant de questions, André avait bien compris ce qu'elle attendait de lui. Seulement, même s'il possédait les mêmes sentiments pour elle, il n'osait s'avancer plus loin. Il hésitait.

guillemet